Causerie mensuelle du CIRA-Marseille : "Présentation de la revue Nunatak"
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We will keep fighting for all libraries - stand with us!
Nous habitons la montagne. Pour certains c’est un choix, pour
d’autres un exil, un refuge, une prison. Nous l’habitons par désir ou
par la force des choses, et nous posons la question de comment habiter
cet espace. L’habiter réellement, ne pas nous contenter de notre
position de consommateur perpétuel, dévier du sentier balisé des flux de
la marchandise et de l’autorité, nous attaquer à ce qui nous sépare les
uns des autres, nous plonger dans les histoires que racontent les
ruisseaux, les êtres, les arbres ou les rochers…
Nous nous sommes réunis autour de l’envie de faire écho à la revue
italienne Nunatak, revue d’histoires, de cultures, et de luttes des
montagnes, s’inspirant de celle-ci pour une publication française. Nous
ne cherchons pas à la reproduire à l’identique, mais à imaginer une
forme similaire en résonance avec nos propres vécus.
L’imaginaire autour de la montagne résonne pour nous comme une
métaphore. Dans la langue des Inuits, le terme nunatak désigne une
montagne s’élevant au-dessus des étendues gelées, où se réfugie la vie
pour perdurer pendant l’ère glaciaire. La montagne, c’est donc tous ces
petits espaces où subsistent et où s’expérimentent des façons d’exister
qui tentent de contredire le froid social triomphant. Et si nous voulons
nous concentrer en premier lieu sur les régions montagneuses, cela
n’exclut en aucun cas les contributions venues d’ailleurs.
Nous voulons effectuer des recherches pour fournir des documents sur les
histoires de révoltes, de désertions passées et actuelles,
individuelles et collectives, spécifiques à ces zones géographiques.
Nous désirons aussi nous intéresser aux animaux, aux plantes, aux
minéraux, à l’eau… à tout ce qui constitue ce que ce monde a figé en un
« environnement » qu’on voudrait nous vendre comme terrain de ressources
exploitables. Nous considérons plutôt qu’il s’agit d’un ensemble dont
nous faisons partie et qui nous traverse.
Nous souhaitons enfin nous pencher sur des pratiques, des savoir-faire,
des formes d’organisation différentes afin de tenter de nous les
réapproprier pour leur usage et non leur valeur marchande. Nombre de ces
mêmes pratiques ont été récupérées, muséifiées en tant que concept
marketing : label biologique, tourisme, patrimoine…
Nous ne voulons pas laisser aux traditionalistes et aux musées, aux
identitaires et aux chauvins, aux réformistes et autres réactionnaires
les interprétations de l’histoire.
Cette revue se veut un support pour développer et partager nos
critiques, du point de vue des régions montagneuses que nous habitons.
Mais nous désirons aussi chercher des moyens de concrétiser ce que nous
pensons pour pouvoir nous opposer au monde tel qu’il se présente à
nous : développer et intensifier des liens, confronter des réalités et
lutter contre le rapport de consommation aux espaces que nous essayons
d’habiter. Essayer, sans nous faire d’illusions, d’expérimenter ici et
maintenant sur la base de notre refus ce vers quoi nous voulons aller.
Combattre concrètement l’uniforme.
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